vendredi 2 février 2018

Les Thanatonautes

HISTOIRE

Michael Pinson, médecin spécialisé dans la réanimation, se lance, avec son ami d'enfance Raoul Razorbak dans un pari fou : explorer la mort.
Ils vont tenter ainsi de répondre à cette fameuse question : y-a-t-il une vie après la mort ?

CRITIQUE

J'avais lu ce titre bien des années auparavant. A l'époque, je commençais à peine sur la blogosphère littéraire et je me souviens l'avoir adoré. Mais c'était huit ou neuf ans en arrière.
Aujourd'hui, j'ai un avis beaucoup plus mitigé.

Pourtant, le postulat de base est géniale : explorer la mort et voir s'il existe bel et bien une vie dans l'au-delà. L'auteur aurait pu ainsi mettre cette idée à profil pour nous exposer sa vision des choses, au travers d'expériences de mort imminente, ou encore de données scientifiques.

Mais deux problèmes se posent : ces éléments n’apparaissent que dans les cent premières pages et sont rapidement jetées aux oubliettes. Et j'ai eu l'impression de lire davantage un roman de science-fiction qu'un roman scientifique.

Pourtant, comme je viens de l'écrire, les cent premières pages étaient plutôt plaisantes à lire. Le narrateur, Michael nous raconte sa vie, sa rencontre avec Raoul et ses différentes expériences avec la mort.
Puis, quand les deux hommes se lancent à la conquête de ce qu'ils appelleront : "Le Continent Ultime", ça part en cacahuètes.

Bien évidemment, vu le pitch, je m'attendais à un récit d'exploration. Sauf que ça part un peu dans tous les sens : visions du passé d'un coté, fantasmes inassouvis/inavoués de l'autre, découverte de la vraie beauté, etc. En soi, ces sujets auraient pu mener à de vrais débats, philosophiques par exemple (notamment sur la vraie beauté, décrite dans l'au-delà). Mais plus on progresse dans l'histoire, plus je trouvais que ça devenait gros, au point d'en n'être pas crédible.

De plus, la découverte de ces "zones" de la mort ont un impact sur le monde. Et déjà les premiers émois m'ont semblé invraisemblables... jusqu'à arriver dans un monde pseudo-parfait où le Mal n'existe plus. Non, désolée, j'adhère pas à ce type de vision. Partant du principe que tout n'est pas blanc ou noir, mais qu'il existe des nuances de gris, je n'étais pas convaincue par ce que l'auteur me vendait.

L'ensemble est aussi très répétitif. C'est très schématique, mais voilà en gros comment ça se passe : découverte d'une zone = impact sur le monde + rencontre avec de nouveaux personnages. Puis, découverte d'une deuxième zone = re-impact sur le monde + re-rencontres avec d'autres personnes, etc.
Ça devient long et très ennuyeux, à force. Et comme la version poche fait quand même 503 pages, autant dire que j'ai peiné pour arriver au bout de cette lecture.

Vous l'aurez compris, l'histoire n'est pas passionnante à suivre. A cela s'ajoutent les incohérences que j'ai pu relever : comment se fait-il que des gens peuvent thanatonauter sans souci, alors que les scientifiques eux-mêmes n'en sont qu'aux balbutiements de cette nouvelle pratique ? Et comment leurs ennemis connaissent l'endroit exact pour les débusquer dans l'au-delà ? Ce ne sont que des exemples, mais l'auteur ne donne jamais d'éléments précis et se contente du strict minimum. C'est quand même balot pour un roman qui se veut scientifique !

On a aussi droit à des scènes surréalistes, comme celle entre Michael et Nadine. Le coup des âmes-sœurs qui débarque de nulle part, sans préparation, c'est juste pas possible !

Les personnages ne sont pas en reste. Bon sang, j'ai l'impression que Bernard Werber a un mal de chien à créer des personnages attachants.
Michael est le mec qui laisse les autres dicter sa conduite, même s'il tente parfois de se rebeller. Après, il est à fond dans son rôle de thanatonaute, mais il n'a jamais réussi à me convaincre.

Pareil pour son ami, Raoul, qui m'a l'air de souffrir de sérieux problèmes psychologiques. Son obsession de la mort n'aide déjà pas à le cerner, mais son comportement est assez curieux : je pense notamment à la scène avec Michael, passé la moitié du livre, où ils se disputent violemment. J'ai pas trop compris pourquoi il se lâche d'un coup, mais je l'ai trouvé détestable.

Les femmes ont un rôle secondaire plus ou moins important, mais elles ne m'ont pas marquée. Je n'en retiens rien de spécial les concernant.

Bernard Werber aime nous abreuver de détails scientifiques, mais on dirait que par moment, il oublie que tous ses lecteurs n'ont pas fait de bac sciences/maths pros. On se retrouve dès lors avec des passages bourrés de détails auxquels on roule des yeux parce qu'on ne comprend pas les mots qu'il emploie. Désolée, mais je ne lis pas de roman pour me dire qu'il me faut constamment un dictionnaire à portée de main. Et j'ai autre chose à faire de mon temps que de chercher la définition d'un mot.

Encore un roman de l'auteur que je n'ai pas apprécié. Pourtant, un sujet aussi tabou que la mort avait de quoi donner quelque chose de génial sur le papier. Malheureusement, je trouve qu'on passe à côté et qu'on se retrouve dans un récit d'exploration à la Jules Verne pas intéressant, avec des personnages pas du tout attachant. Et le style lourd n'arrange pas les choses.

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