mercredi 31 janvier 2018

Les Ailes d'Alexanne, tome 3 : Le Faucheur

HISTOIRE

Après ce qui s'est passé avec la secte, Alexei cherche à protéger les gens qu'il aime à tout prix. C'est sans compter sur la détermination de sa nièce, Alexanne, à vouloir le secourir et à ses amis qui s'unissent contre leur ennemi.
Parviendront-ils enfin à venir à bout de leur adversaire ?

CRITIQUE

J'avais dans l'idée de poursuivre des sagas en 2018 et j'ai choisi ce volet pour mon challenge ABC Jeunesse/Young Adult. J'avais bien aimé les deux premiers tomes, même si le deuxième m'avait un peu plus déçue que le premier.
Or, ce troisième épisode des aventures d'Alexanne est une énorme déception. Je ne sais pas encore à ce stade si je lirais la suite.

Nous retrouvons la famille Kalinovsky quelques temps après les événements du tome deux. Alexei est en danger de mort et veut protéger sa famille à tout prix. Mais le Faucheur possède de terribles pouvoirs et veut attirer le jeune homme droit dans un piège. Avec sa nièce Alexanne, sa sœur Tatiana, sa compagne Danielle et ses amis, il va tenter de mettre son ennemi hors d'état de nuire.

Par où commencer ? Par l'histoire et y a déjà pas mal de choses à dire.
Commençons d'abord par ce qui s'y passe ; en fait, y a pas grand chose. On a bien quelques scènes qui essaient de donner un peu de suspens et de tension, mais ce n'est pas toujours cohérent (je vais revenir là-dessus plus loin).
En fait, durant 358 pages, on tourne en rond, tant du côté des gentils que du côté des méchants. On attend désespérément qu'ils se bougent les fesses pour agir en conséquence, mais il faut attendre les cinquante dernières pages pour qu'il se passe ENFIN un truc !
Et encore, le combat est tellement rapide que, finalement, ça se règle en deux temps trois mouvements !

Deuxième souci : l'incohérence.
J'ai relevé surtout une scène assez incroyable : Christian et Mélissa sont enfermés dans le bureau du commissariat car ils sont prisonniers d'un sortilège maléfique. Ils cherchent à défoncer la porte, alors que leurs collègues sont A COTE OU EN FACE DU BUREAU.
Comment se fait-il que personne ne les entendent en train d'essayer de défoncer la porte ?! Il faut attendre que Mélissa hurle pour qu'ils réagissent !
Autre incohérence : les relations entre les personnages. Le coup de foudre, ça va bien deux minutes, mais à force de placer le karma comme seule explication aux relations amoureuses bâclées et sans réelle profondeur, je dis non. A un moment donné, faut donner plus d'explications et ne pas se cantonner au même discours.

Troisième souci : l'inégalité dans les différentes intrigues.
L'auteure amène deux histoires différentes dans ce troisième volet : la traque du Faucheur et une enquête sur une série de meurtres d'enfants.
Or, ce dernier aspect est quasiment occulté par la partie "Faucheur", alors que l'enquête est le point de départ du livre ! Mais on parle pratiquement pas, à part dans quelques scènes finalement avares en détails et explications en tout genre. OK, on n'est pas dans un roman policier, mais mince : j'aurais aimé que Mme Robillard développe un peu tout ça, quitte à ajouter une centaine de pages supplémentaires.

Sauf qu'elle occulte l'enquête et qu'elle se centre essentiellement sur les attaques du Faucheur.
Mais dans les quarante dernières pages, l'auteure semble se rappeler subitement qu'elle avait instauré une enquête en cours dans son histoire ; il faut donc rapidement apporter une conclusion, histoire de bien montrer que ça n'a pas été placé en vain !
Mais la résolution de l'enquête est tellement surréaliste que je n'y ai pas cru une seconde ! Tout se résout en même pas vingt pages !

Quatrième souci : les facilités scénaristiques.
J'en avait déjà parlé dans mes chroniques des deux tomes précédents, mais là, c'est tellement abusé que ça en devient risible.
Télépathie, télékinésie, lire dans les pensées, guérir les blessures, sentir la présence d'un ennemi, et j'en passe. A ce stade, les Kalinovsky ne sont même plus des fées, ce sont carrément des dieux !
Je sais qu'on est dans une saga fantastique, mais c'est pas une excuse, bien au contraire ! Il faut montrer les limites des pouvoirs des personnages et clairement faire comprendre au lecteur qu'on n'a pas affaire à des demi-dieux, mais à des êtres humains dotés de facultés exceptionnelles.
Là, c'est beaucoup trop facile ; on se demande même sérieusement pourquoi ils tournent autant en rond en attendant que le Faucheur se manifeste.

Mais surtout, ces facilités n'offrent aucun véritable enjeu dans le livre.
A partir du moment où vous avez des personnages dotés de pouvoirs (presque) divins, y a pas vraiment de scène dramatique, par exemple. Et pourtant, y en a bien une dans ce bouquin qui aurait mérité d'apporter une touche dramatique : mais non ! L'auteure arrange le coup et "tout est bien qui finit bien". NON ! La vie ne marche pas comme ça, même pour un récit jeunesse avec des éléments fantastiques !

Cinquième et dernier point négatif trouvé dans le récit : le fait que pratiquement tous les personnages soient en couple.
Sérieux, Mme Robillard avait un contrat qui l'obligeait à caser tout le monde ? Parce que nos héros sont (quasi) tous en couple ! Même les célibataires trouvent une compagne, et parfois de façon assez poussée !
Pourquoi c'est négatif ? Déjà parce qu'on sent que l'auteure veut caser ses persos de manière forcée, mais je vois pas l'intérêt de montrer tout le monde (ou presque) en couple ! Je pars du principe qu'on peut être heureux sans être avec quelqu'un dans sa vie !

Parlons maintenant des personnages. Et là aussi, le bilan n'est pas terrible.
Alexanne et Tatiana qui m'avaient beaucoup touchée, surtout dans le premier tome, perdent leur intérêt, même si, dans le cas d'Alexanne, elle acquiert une certaine assurance. Et vu ce qui lui arrive à la fin de ce tome-ci, je serais curieuse de voir ce qu'elle va faire... même si je sais pas encore si je lirais la suite.

En revanche, Alexei est devenu insupportable. J'ai détesté sa façon d'agir, alors que cela ne m'avait pas posé autant de problème auparavant.
Mais il est bien entouré maintenant ; il devrait même avoir trouvé un semblant de paix dans sa vie. Seulement, encore dicté par la colère et la haine, il passe son temps à dire qu'il doit éliminer le Faucheur seul, s'enfuit à la moindre contrariété... Bref, c'est comme ça durant les deux tiers du livre. Je suis très déçue, je pensais quand même que son comportement avait évolué, avec ce qui lui est arrivé dans les tomes précédents ; ben, pas du tout.

Les personnages secondaires restent clairement secondaires, même s'ils apportent leur soutien à la famille Kalinovsky. Mais je n'ai pas relevé de personnalité vraiment marquante chez eux.
Encore une fois, ce sont les gentils d'un côté et les méchants de l'autre.

Et puisqu'on parle du méchant, le Faucheur n'a jamais réussi à me convaincre. Déjà parce qu'il mets trois plombes à intervenir, mais surtout, avec la puissance qu'il possède, il pourrait se débarrasser de ses ennemis sans aucun problème. Franchement, pire méchant... tu meurs !

Je reconnais que le style d'Anne Robillard est simple et ne s'encombre pas de détails inutiles. On sent qu'il s'agit d'un livre destiné à la jeunesse... mais là, c'est beaucoup trop jeunesse pour moi.

Ce troisième volet ne m'a pas du tout convaincue. L'histoire est mal construite, les personnages perdent de leur intérêt, voire leur capital sympathie pour certains d'entre eux et le méchant n'est pas du tout convaincant. Reste la plume, mais ce n'est pas suffisant pour remonter le niveau.

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